À l’heure de l’essor de l’intelligence artificielle, les outils tels que ChatGPT sont de plus en plus utilisés pour écrire des textes en prenant pour simple base quelques consignes de rédaction. Qu’en est-il de la correction de l’orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, de la typographie ? Elle est également de plus en plus souvent confiée à des logiciels de correction automatique, souvent pour des questions de budget. Leurs progrès ces derniers mois sont certes impressionnants, mais faut-il pour autant leur faire confiance aveuglément ? Avant de publier votre roman ou d’imprimer votre document commercial, universitaire, professionnel, pensez-vous qu’il soit préférable de le faire relire par un correcteur humain ou par un logiciel dédié ?

Les points forts des correcteurs automatiques

Qui n’a jamais suivi les conseils de l’outil de vérification orthographique de Microsoft Word pour modifier certains mots dans son texte ? Nous-mêmes, correcteurs professionnels, pouvons nous appuyer sur des progiciels, à l’instar de ProLexis ou Antidote, parmi les plus réputés en la matière. Ces logiciels, installés sur votre ordinateur ou disponibles en ligne, sont pratiques pour déceler les principales fautes d’orthographe, de grammaire, voire de syntaxe et d’orthotypographie – usage des majuscules et des espaces – pour les plus professionnels d’entre eux, et ils permettent d’automatiser les principales corrections.

L’intelligence artificielle détecte également la plupart des répétitions et des pléonasmes. Les algorithmes ont été considérablement améliorés ces dernières années et sont désormais capables d’analyser un texte dans son ensemble et non plus mot à mot. Même la langue française, pourtant difficile à maîtriser, paraît être enfin à la portée des logiciels de correction automatique.

Ainsi, pour un coût réduit, voire gratuitement, vous serez en mesure d’épurer vos textes de la plupart de leurs fautes de français. Toutefois, ne vous y trompez pas. Ces utilitaires atteignent rapidement leurs limites, et, malgré leurs capacités en constante progression, ils ne peuvent en aucun cas remplacer l’œil humain et encore moins un correcteur professionnel, dont la mission ne se cantonne pas à une simple correction des fautes de français.

Les spécificités des correcteurs humains

Les correcteurs professionnels dont je fais partie ont en effet plusieurs cordes à leur arc qui les rendent indispensables pour un travail de relecture de qualité. Passons-les en revue, en espérant que cela vous convainque de ne jamais négliger l’étape de révision de vos documents et de confier celle-ci à un correcteur humain.

Un correcteur professionnel diplômé ne prend pas pour argent comptant les corrections proposées par un logiciel

Même s’il peut utiliser un logiciel de correction comme Antidote ou ProLexis en soutien, un correcteur professionnel humain réalise a minima deux lectures des textes qui lui sont confiés. Découvrez comment un correcteur travaille dans l’un de mes articles pour en savoir plus.

Un correcteur-relecteur utilise ce type de logiciels uniquement comme une aide, mais en aucun cas il n’applique les suggestions – parfois erronées – les yeux fermés. Et surtout, un vrai correcteur ne saurait se contenter des corrections proposées, car ces outils sont très loin de déceler toutes les erreurs susceptibles de se glisser dans un écrit. Je le constate tous les jours dans les romans que je révise. Si je devais rendre un texte corrigé uniquement par l’intelligence artificielle, je ne saurais être satisfait de mon travail qui serait aux antipodes de la qualité de service que je vends à mes clients.

Un correcteur professionnel est alimenté par les doutes

Les règles qui régissent l’écriture de la langue française sont extrêmement complexes. Et même en les connaissant toutes sur le bout des doigts, il est facile de tomber dans un piège ou sur une exception. Or, les logiciels achoppent régulièrement à ce stade. Ainsi, un bon correcteur professionnel ne cesse de se remettre en question. Il se doit de douter, et se fait un devoir de vérifier ses sources en s’appuyant sur divers ouvrages – que ce soit des livres ou des ressources linguistiques disponibles sur le web.

Et lorsque plusieurs « bonnes réponses » sont envisageables, le correcteur s’attache à en choisir une et à la dupliquer dans l’ensemble du document sur lequel il travaille. Il est donc capable de justifier sa décision et d’uniformiser ses prises de position linguistiques afin de restituer un écrit de qualité professionnelle.

Un correcteur professionnel vérifie la cohérence du récit

Loin de savoir uniquement consulter un dictionnaire, le correcteur professionnel sait analyser un texte. Imaginez : vous êtes un auteur et vous rédigez un roman. Dans le feu de l’action, vous vous trompez subitement de prénom dans un passage ou insérez une incohérence dans le récit. L’intelligence artificielle sera incapable de déceler ce type d’erreurs, alors que le lecteur y verra une bourde qui pourrait nuire à votre image.

Heureusement, votre correcteur, loin de se cantonner à une simple correction orthographique du texte, s’en rendra compte avant la publication de votre livre – ou tout autre type d’ouvrage –, et vous proposera de modifier ce qui ne va pas. De cette manière, vous mettrez sur le marché une fiction ou une biographie aboutie !

Le métier de correcteur ne consiste pas uniquement à repérer les fautes de français. Sa mission est bien plus vaste, et c’est en cela qu’il est indissociable de celui d’écrivain.

Un correcteur humain est sensible au sens du texte

Là où une intelligence artificielle verra une suite de mots et de phrases – bien que la technologie permette désormais d’analyser un texte dans sa globalité –, un correcteur humain sera en mesure de vous indiquer s’il perçoit des contresens, des risques d’interprétations imprévues.

En vous laissant des commentaires dans la marge, il vous interpellera et vous proposera des aménagements afin de lever toute ambiguïté ou tout quiproquo.

L’utilité du mode de suivi des modifications

L’intelligence artificielle chargée de corriger votre texte ne vous laissera aucun indice pour vous signaler les modifications apportées ou les phrases qui ont subi une réécriture, au contraire d’un correcteur humain qui utilisera le suivi des révisions – sur Microsoft Word ou Google Docs par exemple.

De cette manière, vous restez maître des suggestions ou des corrections, en conservant le droit de les refuser ou de les accepter dans votre version finalisée. Et, cerise sur le gâteau, vous pourrez peut-être apprendre de vos erreurs et progresser dans votre écriture !

Gare aux fautes de frappe « invisibles » et aux coquilles

Les mots « poisson » et « poison » se ressemblent, pourtant ils ne veulent pas du tout dire la même chose. Il est fort probable qu’une IA ne détectera pas ce genre de fautes de frappe, car les deux mots existent, alors qu’un œil humain entraîné en sera capable.

Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, mais gardez en tête qu’un correcteur automatique risque de passer à côté des coquilles, tandis qu’un correcteur professionnel comme moi pourra opter pour le bon mot en faisant preuve d’un travail de relecture minutieux.

Un correcteur-relecteur traque aussi les répétitions et les anglicismes

Au-delà de la correction de l’orthographe, de la grammaire, un correcteur certifié chasse également les répétitions, les anglicismes et les autres erreurs de langage. Pour cela, il peut proposer des synonymes ou utiliser l’art de la paraphrase afin d’optimiser un texte et le rendre plus fluide et conforme à la langue française.

La réécriture constitue le plus haut niveau de correction, et c’est aussi la prestation la plus chronophage et donc la plus coûteuse. C’est par conséquent une option que le client est libre de refuser, tout en ayant conscience que son texte risque de ne pas être aussi abouti qu’il l’aurait été si les phrases litigieuses avaient été reformulées.

 

Conclusion : faut-il faire corriger son texte par un logiciel ou par un humain ?

Si l’ensemble de ces arguments n’ont pas fini de vous convaincre de faire appel à un correcteur professionnel diplômé, n’oubliez pas que l’intelligence artificielle apprend sans cesse en se nourrissant des textes qu’il « lit » et « écrit ». Aussi, lorsque vous lui soumettez votre travail, il est susceptible de s’en servir pour créer de nouveaux contenus, bien plus qu’un auteur ne le ferait en s’inspirant de ses lectures quotidiennes. Je n’irai pas jusqu’à parler de risque de plagiat, mais comment se comportera l’IA lorsque tout le monde aura décidé de l’utiliser pour écrire et corriger des textes ? L’utilisation d’un outil de correction automatique peut être pratique pour épurer un texte de ses fautes de français principales, mais je ne peux que vous conseiller de privilégier la collaboration d’un correcteur professionnel pour obtenir un contenu final de qualité.